Les artistes, les artisans et les marchands merciers
Les marchands merciers ont un statut, définit dès 1570, qui leur permet de faire commerce de tout, sans, pour autant, avoir le droit de fabriquer eux-mêmes. Il fallait pour exercer ce droit : « être né François, avoir fait apprentissage pendant trois ans et servi les Marchands pendant trois autres années en qualité de Garçon ». Il fallait, également, avoir payé les droits qui se montaient à un millier de livres.
Seuls quelques un d’entre eux, on en dénombre vingt-six au milieu du XVIIIe siècle, achètent et vendent des objets d’arts. Leur rue de prédilection est la rue Saint-Honoré où sont situés les magasins d’Hébert, de Poirier, de Dulac, de Julliot, de Lebrun, de Tuard. Lazare Duvaux est installé rue de La Vieille Monnaie tout comme les Darnaud, etc. Gersaint, lui, suivant également une tradition très ancienne, loge sur le Pont Notre-Dame.
Les noms de leurs enseignes sont incitatifs : A la Couronne d’Or (Poirier), Au roi des Indes (Lebrun), Au grand Monarque ou A la Pagode (Gersaint), par exemple. L’enseigne de Gersaint est sans doute la plus renommée, puisque peinte par Watteau.
Ce tableau exécuté d’après nature, nous permet de voir à la fois le merveilleux talent de Watteau, la clientèle qui se presse chez le marchand et ce qui est disponible dans sa boutique. Bijoux, glaces, tableaux de cabinet, pagodes, vernis et porcelaine du Japon, coquillages, etc.
Ces marchands sont plus que de simples négociants ou importateurs. Bien plus que des intermédiaires entre les fabricants et la clientèle, ils sont de véritables créateurs, des avant-gardistes qui influencent les styles, les modes et suscitent en permanence l’intérêt de ceux qui les fréquentent.
Ainsi se clos notre chapitre consacré au style Régence, à ne pas confondre avec le Regency anglais, bien sur. Cette époque bien que courte marque le début de la transformation qui croît et embellit sous Louis XV. Ce que nous verrons dans l’épisode suivant.